Ballade de la danseuse de 14 ans
Son regard faiblissait, ses vigilantes mains
Pouvaient encore pétrir sans hésiter la cire
Même s’il lui fallait, matin après matin,
Avec le quotidien éviter le délire.
Pendant qu’il travaillait, l’hiver gelait les frênes.
Ses amis s’exclamaient devant moi tour à tour
Lui disant : « Que fais-tu ? Tu modèles une reine. »
Degas, tu es mon père : merci pour ton amour !
Et je naquis enfin sur un fond de grand vent
Ballerine vivante devenue immortelle.
J’eus droit à un tutu ; il était si content
De m’avoir réussie, de me sentir si belle
Qu’il caressait d’un air distrait les toiles pleines
De scènes de ballets placées en contre-jour.
Je songeais qu’il voyait ma destinée lointaine.
Degas, tu es mon père : merci pour ton amour !
Ma maison est rien moins qu’un musée imposant
Au sein de Copenhague et des voiliers oscillent
Tout doucement au port car dans l’instant présent
J’entends la voix des flots qui près de moi babillent.
Coulée en bronze fin, plus que jamais humaine
Dans le musée Carlsberg je poursuis un séjour
Parfait. Admirée, j’y vis l’âme sereine.
Degas, tu es mon père : merci pour ton amour !
Envoi
J’entends parfois craquer le fort bois des carènes.
Je suis là, à vos yeux, exposée chaque jour.
J’entends parfois frémir la petite sirène.
Degas, tu es mon père : merci pour ton amour !
Françoise
Moins de 18 ans qui ne connaissez pas encore Degas, c’est le moment d’aller à sa rencontre. Ceux qui le connaissent apprécient ses œuvres très probablement.